Une plante millénaire
Le chanvre est issu de la famille des Cannabaceae qui comprend seulement une autre espèce : le houblon. A l’état sauvage, on parle de Cannabis Ruderalis et de Cannabis Sativa L. pour le chanvre cultivé.
Plante millénaire, on estime que sa culture aurait commencé en Inde et en Chine dès le néolithique et elle sera utilisée durant plusieurs siècles pour l’alimentation, la fabrication de textile, de cordage ou de papier.
Très cultivé jusqu’au XIX en Europe, et en France notamment (la célèbre Cannebière marseillaise lui doit son nom !), le chanvre a peu à peu été délaissé au XXe siècle au profit d’autres fibres et matières synthétiques.
Chanvre et cannabis
Ce déclin de la culture du chanvre s’explique aussi par la mise en place de politiques de répression et de contrôle du cannabis au niveau international à partir des années 1920. En cause, la substance stupéfiante que contient la plante de chanvre : le THC, qui sera définitivement inclus dans la liste des
stupéfiants par la Convention unique sur les stupéfiants de 1961.
Il faudra attendre les années 1970 pour que le chercheur Ernest Small établisse la limite de 0,3% de THC pour que la plante soit catégorisée soit comme « chanvre industriel » (variétés de chanvre autorisées à la culture), soit comme « cannabis » (appellation généraliste qui désignent les variétés
dont le taux de THC dépasse 0,3%). Cette distinction va ainsi influencer la législation de nombreux pays, comme la France qui retiendra une limite de 0,2% de THC pour distinguer chanvre et cannabis.
La France : premier producteur de chanvre en Europe
A partir des années 1990, le chanvre recommence à susciter de l’intérêt au sein du monde agricole et industriel qui redécouvre les nombreux avantages et les mille possibilités qu’offre cette plante.
Depuis 30 ans, sa culture a ainsi été multipliée par 3 en France et en 2017 elle représente près 16 400 hectares, soit près de la moitié du chanvre européen.
Le chanvre : une plante écolo
Ce renouveau s’explique d’abord par les nombreux avantages écologiques qu’offre la culture du chanvre. Peu gourmande en eau, c’est aussi une plante particulièrement résistante qui ne nécessite pas l’utilisation d’engrais, de produits phytosanitaires (herbicide, fongicide ou insecticide) ou d’OGM.
Le chanvre s’avère également idéal pour la préparation des sols et la rotation des cultures. Ainsi, de nombreux agriculteurs préfèrent planter du chanvre que laisser une parcelle en jachère. Grâce à son réseau de racine et sa capacité d’absorption en eau, le chanvre empêche les mauvaises herbes de pousser et ses feuilles tombées au sol deviennent un excellent engrais naturel.
Depuis quelques années, le chanvre est aussi utilisé pour la dépollution des sols contaminés en agissant comme une véritable pompe à nitrate et métaux lourds.
Enfin, le chanvre pourrait aussi jouer un rôle important dans la lutte contre l’effet de serre, puisque – selon des analyses récente – un hectare de chanvre absorberait au moins autant de CO2 qu’un hectare de forêt. La culture du chanvre contribuerait donc à la diminution de CO2 dans l’atmosphère !
Le chanvre; un plante, mille possibilités
Alimentation, cosmétique, papeterie, textile, matériaux de construction, … le chanvre offre des usages multiples et variées.
Un super aliment
D’un point de vue nutritionnel d’abord, le chanvre est un véritable « super aliment ». Riche en protéines, minéraux, acides aminés, vitamines (B et E), fibres et en oméga 3 et 6, il peut être consommé sous différentes formes (huiles, graines, farines, pâtes, biscuit, etc.) et il est particulièrement recommandé dans le cadre des régimes végétariens et aux sportifs pour ses apports en protéines.
Éco-matériau du futur
Le chanvre est aussi un « éco-matériau » phare du secteur du bâtiment, grâce notamment à ses performances thermiques. Depuis quelques années déjà, l’Etat français encourage le développement d’une filière française d’excellence dans ce secteur. Filière qui est d’ailleurs pressentie pour participer à la construction du futur Eco-Village des Jeux Olympiques de 2024 à Paris.
Une fibre tendance
Face à une industrie du coton extrêmement polluante, le chanvre fait également son grand retour dans le secteur de la mode et du textile. Souffrant d’une mauvaise réputation durant plusieurs décennies pour son étiquette « hippie », le chanvre textile est devenu un champ d’innovation et de création inédit pour les marques. Ainsi, en 2019, la marque Levi’s a lancé une collection de jeans en chanvre cotonisé. Un retour aux sources en quelque sorte, puisque les premiers Lev’is étaient en fabriqués en fibre de chanvre !
Une source d’innovation pour de nombreuses industries
Plus surprenant encore, le chanvre pourrait devenir une alternative au plastique à base de pétrole pour la création d’emballages plus durables, voir entièrement biodégradable. En effet, les tiges du chanvre sont composé à 85% de cellulose ce qui en fait une matière première idéale pour l’industrie du plastique.
Les secteurs l’automobile ou l’aéronautique, utilisent également le chanvre pour la création de matériaux composites hautes performance afin d’alléger la structure des véhicules. Toutefois, à l’instar des jeans Levi’s, il s’agit là encore d’une vieille tradition puisque dès 1941 la première voiture en carrosserie de chanvre, la Hemp Body Car, fut produite par Ford.
Chanvre et CBD
Aujourd’hui, outre les performances techniques du chanvre et ses apports nutritionnels élémentaires, la recherche s’intéresse également aux propriétés des molécules présentes dans le
chanvre. Avec plus de 400 composés organiques : cannabidoïdes, terpènes, flavonoïdes, … le chanvre offre un potentiel important pour de nouvelles applications. Parmi ces différents composés, une molécule se distingue : le CBD ou cannabidiol (consulter notre article sur : le CBD).
